En Guinée, la transition est en cours entre une agriculture de subsistance et une agriculture dite « professionnelle », pouvant contribuer de manière significative au développement économique et social des ménages ruraux. Cette transition est portée par le développement de nouveaux marchés, et donc par le renforcement de certaines filières agricoles comme celles de la production d’ananas et de mangues.
La filière ananas en Guinée avait connu son apogée dans les années 1950 où elle produisait jusqu’à 50 000 tonnes et exportait alors vers la France, s’octroyant à cette époque la première place producteurs/exportateurs ouest-africain. Mais, après l’indépendance, la production s’est effondrée. La fermeture du marché français découragea les planteurs. La collectivisation des terres désorganisa la production. En 2015, les exportations sont à leur plus bas niveau.
En 2016, la Guinée ne produit plus que 9 000 tonnes d’ananas et se situe désormais derrière la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria en Afrique de l’Ouest et loin derrière les géants costaricain, thaïlandais et brésilien qui dominent le marché mondial.
Ces dernière années, la Guinée essaie de relancer cette activité. Par l’intermédiaire de la fédération des planteurs de la filière fruit de la Basse-Guinée par exemple, qui avait organisé le financement et la distribution d’engrais et de matériels d’irrigation propices à cette culture dès avril 2018 …
La Guinée dispose de nombreux atouts, comme dans la région de Kindia, où l’on trouve la combinaison idéale d’eau et de soleil, une température stable entre 25 et 30 degrés, ainsi que des sols sablo-limoneux. Enfin, la Guinée produit l’une des meilleure variété d’ananas : la fameuse « Baronne de Guinée », qui a fait les beaux jours de l’agriculture guinéenne comme rappelé plus haut.
Dans le monde, environ 80% des ananas produits sont absorbés par le marché de la transformation. C’est un secteur encore balbutiant en Guinée, mais dont le développement pourrait résoudre une partie du problème des pertes post-récoltes.
Rencontre avec une jeune entrepreneuse qui s’est lancée dans la transformation de mangues et d’ananas, Mme Fatoumata CISSOKO …
En 2013, avec seulement $260 Fatoumata CISSOKO lance les établissements Fatou & Kadija, un atelier de séchage de fruits. À la fin de ses études elle rejoint sa mère pour l’aider à la plantation et remarque assez vite qu’elle perdait beaucoup de produits. Des pertes qui pouvaient atteindre jusqu’à 20 % de la production.
Fatoumata CISSOKO a mis en place un procédé de transformation des ananas qui permet de diminuer ces pertes : tri, lavage, épluchage et découpage en fines tranches, ni trop épaisses, ni trop fines, pour ne pas se casser. Cette production est ensuite placé dans un séchoir électrique, don de la Banque Mondiale via le programme de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO). L’électricité n’est pas stable en Guinée et afin d’en limité sa dépendance, Fatoumata CISSOKO est en train d’associé à ce séchoir des panneaux solaires. En 2 jours, sans rien perdre de leur valeur nutritionnelle les tranches d’ananas sont prêtes et peuvent se conserver ainsi plus d’un an sans additif ni conservateur.
« Les fruits séchés sont très prisés en Occident, et la demande est forte aussi au niveau de l’Afrique du Nord. Comme notre Baronne est de bonne qualité, cela fait que les gens sont tentés de consommer l’ananas séché », assure Fatoumata CISSOKO.
La boîte de 100 grammes et vendue l’équivalent de 2,5 dollars dans le pays. Cela permet de dégager un chiffre d’affaires annuel de 15 à 20 000 euros pour les établissements Fatou & Kadija et de faire travailler une vingtaine de personnes dans ce secteur en pleine expansion qui n’exclu pas d’autres diversifications comme l’édification d’usine de jus de fruits …
Sources RFI, TV5 Monde
Pour en savoir davantage, vous pourrez prendre connaissance des podcasts de RFI :